« Le nucléaire au féminin » ou comment l’industrie nucléaire récupère la journée des luttes pour les droits des femmes

Radiées ou irradiées ? Par les écoféministes du Minervois

Communiqué de presse

À l’heure de la manifestation du 8 mars à Narbonne, journée de lutte internationale pour les droits des femmes, l’entreprise nucléaire Orano à Malvési, Pôle-Emploi et l’association Centre d’information sur les Droits des Femmes et des Familles « CIDFF » Aude invitaient des femmes pour « féminiser » les métiers du nucléaire. Le groupe écoféministe du Minervois dénonce une opération de récupération, du « feminism-washing“ ou « purple-washing » au service d’une industrie dont les dangers sont historiquement dénoncés par les mouvements féministes.

E n ce jour de lutte internationale pour les droits des femmes, Orano-Malvési, porte d’entrée du nucléaire en France et en Europe, Pôle-Emploi, porte d’entrée des femmes en recherche de travail et le CIDFF Aude, porte d’entrée des femmes précarisées et victimes de violence dans l’Aude, organisaient une journée : « Le nucléaire, au féminin ». Un groupe de femmes était invité à visiter l’usine au nom de « l’élargissement des choix professionnels » pour promouvoir les métiers du nucléaire où les femmes n’oseraient pas postuler. Nous pensons qu’inviter le 8 mars, des femmes à travailler pour le site le plus important d’Europe de transformation d’uranium, qui stocke des quantités très importantes de déchets nucléaires (résidus de traitement de conversion de l’uranium) et chimiques, est une scandaleuse opération de « feminism-washing » ou « purple-washing ». Nous rappelons que l’usine a provoqué une dizaine d’accidents ces trente dernières années et a déjà été condamnée trois fois par la justice pour pollution des eaux, des airs et absence de prévention des pollutions*.

Nous, femmes du groupe informel écoféministe du Minervois (34), rejointes par des militantes du Réseau Sortir du nucléaire 11, sommes venues manifester devant l’usine de Malvési dans la joie et en chantant notre indignation face à cette opération de récupération et de pression sur les plus fragilisées, un piège pour elles et pour l’opinion publique. Sur une pancarte on pouvait lire « 8 mars récupéré, féministes énervées, antinucléaires depuis l’éternité ».

Depuis les années 70, les mouvements écoféministes visibilisent le lien existant entre les oppressions subies par les femmes et la nature par le système dominant du patriarcat capitaliste qui les exploite. L’histoire des écoféministes s’est construite dans la résistance et la dénonciation des dangers du nucléaire sur le vivant, contre le nucléaire militaire et civil qui ouvre une nouvelle aire, celle où l’humanité peut désormais exterminer la vie sur terre.

À partir de la catastrophe du site nucléaire de Three Mile island aux États-Unis, devant le Pentagone et sur les bases militaires européennes, des mouvements de femmes affirment, toujours dans la joie et la détermination, leur opposition au nucléaire, défendant le vivant, humain et non-humain, la paix et l’amour.

Dans les pays du Sud, en Inde et en Amérique latine, elles luttent contre les industries extractivistes climaticides entonnant le slogan « ni les femmes, ni la Terre ».

En France, à Bure dans la Meuse, contre un projet titanesque d’enfouissement des déchets nucléaires, en 2019 « Les bombes atomiques » collectif écoféministe, militent dans la joie contre le nucléaire. D’ailleurs, aujourd’hui, dans l’Aude, les associations écologistes imaginent un jumelage entre Narbonne, capitale européenne de l’entrée du nucléaire et Bure qui deviendrait la capitale de sortie des déchets du nucléaire.

Ce 8 mars à Narbonne, nous questionnons la responsabilité du CIDFF, association de défense des droits des femmes, pour sa caution portée à l’opération de récupération d’Orano qui après des actions de « green-washing » où le nucléaire est présenté comme une énergie écologique car elle serait climato-compatible, utilise la cause des femmes.

Nous regrettons que ces organismes tombent dans ce piège au nom de l’emploi et deviennent les facilitateurs d’une industrie mortifère. Il est urgent de tous.tes se responsabiliser face à la destruction de l’environnement et de toutes formes de vie.

Les phrases des féministes et écoféministes résonnent pour nous en ce jour, celle de Virginie Despentes : « le féminisme est une révolution, pas un réaménagement des consignes de marketing ».

Celle, aussi de notre sorcière préférée l’écoféministe nord-américaine Starhawk, avec qui nous souhaitons : « agir ensemble, affirmer nos rôles dans la lutte anti-nucléaire de manière radicale et créative, revendiquer nos colères et nos joies, en faire des forces, manifester notre « pouvoir-du-dedans » »

À nos sœurs qui se battent à Bure et ailleurs !

A celles qui travaillent au risque de leur santé dans les usines et les centrales nucléaires.

Voir : https://mesevenementsemploi.pole-emploi.fr/mes-evenements-emploi/evenement/65046

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