Pourquoi nous ne participerons pas aux débats publics sur les déchets radioactifs.

Communiqué commun de Sortir du nucléaire Aude (Sdn11), Arrêt du nucléaire Hérault (Adn34) et Confédération Paysanne Aude

Le 25 avril 2019 à Narbonne

Le débat public sur le Plan National de Gestion des Déchets et Matières Radioactives est lancé. 

À Narbonne la Commission Particulière du Débat Public (CPDP), tiendra une réunion sur les déchets de Malvési le 6 juin 2019.

Reprenant à leur compte le communiqué des associations qui luttent contre Cigeo (BureStop55, CEDRA52, EODRA, MIRABEL-Lorraine Nature Environnement, Meuse Nature Environnement, Réseau Sortir du nucléaire), les antinucléaires de l’Aude et de l’Hérault estiment que les conditions ne sont pas réunies pour débattre, et ne participeront pas au débat annoncé à Narbonne.

En voici les raisons :


Le Plan National de Gestion des Matières et Déchets Radioactifs (PNGMDR) est soumis au débat public, c’est une obligation… Mais les choix sur ce sujet sont déjà verrouillés.



À quoi bon débattre des options de gestion de ces déchets ingérables, si la question préalable incontournable, à savoir l’arrêt de leur production, est totalement exclue par les pouvoirs publics ?!

Contre l’avis des citoyens, la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie a déjà acté la prolongation de quasiment tous les réacteurs au-delà de 50 ans et le déploiement d’une nouvelle génération de centrales. Un tel choix nous impose donc des décennies d’accumulation de nouveaux déchets et matières radioactifs excessivement dangereux.


Il n’y aucun mécanisme contraignant garantissant la prise en compte d’une quelconque proposition à l’issue de ce « débat », tant sur la production de déchets que sur les modes de gestion actuels et futurs. La feuille de route est tracée depuis des décennies, par l’Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA) et les pouvoirs publics. Dès lors, ce débat n’est pas autre chose qu’une opération de communication.


L’expérience a malheureusement montré qu’en matière de nucléaire, les débats publics n’ont jamais permis de remettre en question des projets déjà décidés ailleurs (débats sur les déchets de 2005 et 2013 ou celui sur l’EPR de Flamanville en 2007). Ce constat avait mené trois membres de la CPDP à se désolidariser des conclusions en 2013.


Pour nous, il n’est pas envisageable de jouer le jeu d’une mascarade démocratique où les associations et les citoyens ne sont consultés que pour la forme, par des pouvoirs publics et une industrie qui ignoreront leurs avis. Le gouvernement pourrait dès lors utiliser cette séquence pour tenter de donner un vernis démocratique et participatif à la mise en œuvre de projets imposés. Nous refusons de servir de caution à cela.



Enfin, il n’est pour nous pas acceptable de débattre alors que le mouvement d’opposition au Centre industriel de stockage géologique (CIGEO) à Bure subit une répression violente dont le but est d’asphyxier la contestation. CertainEs de nos camarades étant entravéEs au quotidien par un contrôle judiciaire absurde et inacceptable.


Pour toutes ces raisons, nous ne participerons pas à la réunion de la CPDP sur les déchets de Malvési.

L’absence de transparence et de prise en compte des populations est identique à Narbonne et sur le plan national : 

La très puissante mobilisation citoyenne contre le projet de traitement des nitrates (Tdn-Thor) n’aura aucunement empêché une décision préfectorale favorable.

De la même manière la décision de démarrer une production d’Oxyde d’uranium à Malvési (projet NVH – nouvelle voie humide), en vue de la poursuite, voire de la relance de la filière Mox (le combustible nucléaire le plus dangereux qui soit) en France, s’est faite sans enquête préalable, sans débat public, sans aucune information des populations, et la décision préfectorale est intervenue en plein été 2018 !

L’heure n’est donc pas au débat, mais à la mobilisation contre une industrie qui refuse d’envisager de réelles alternatives, tant à la gestion des déchets qu’à la production électrique, ne nous laissant pour seule alternative qu’une opposition déterminée.

Nous continuerons donc notre travail d’information et de mobilisation auprès de la population.

Sortir du nucléaire Aude, Arrêt du nucléaire Hérault, Confédération Paysanne Aude